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Programmation Culturelle Autochtone

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On ne saurait surestimer l’importance de l’inclusion des Autochtones dans la programmation culturelle. En 2018, la Fête de la culture a organisé un webinaire ayant pour thème la programmation culturelle autochtone. Les intervenantes invitées étaient Dominga Robinson de SaskCulture, Christine Van der Merwe du Conseil multiculturel de la Saskatchewan et Chantal Amstad de l’Association Communautaire Fransaskoise de Moosejaw. L’information présentée sur cette page provient de ce webinaire et vise à favoriser le développement de relations durables et respectueuses avec les communautés autochtones et la production de programmations culturelles enrichissantes.

Par où commencer

Il y a quelques étapes à suivre avant d’élaborer un partenariat culturel avec des communautés autochtones. Pour établir un partenariat de manière respectueuse, il est important de prendre connaissance de certaines informations de base.

Buffalo Gals Drum Group Story, Winnipeg, MB, 2018 Photo: Liz Tran
Buffalo Gals Drum Group Story, Winnipeg, MB, 2018 Photo: Liz Tran

La Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR)

La CVR a été créée en 2008 dans le but de documenter l’histoire et l’impact des pensionnats autochtones au Canada. La commission a permis aux survivants du système de pensionnats autochtones de tous les coins du pays de raconter leurs expériences. Cette recherche était une des composantes de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens (CRRPI), une entente conclue entre le gouvernement du Canada et environ 86,000 anciens élèves du système des pensionnats autochtones. En 2015, la CVR a publié le résultat de ses recherches dans un rapport final, concluant que le système des pensionnats autochtones devrait être considéré comme un génocide culturel. Vous pouvez consulter le rapport complet ici.

Parallèlement à ce document, la CVR a aussi lancé 94 Appels à l’action afin de faire progresser le processus de réconciliation canadienne et de remédier aux séquelles des pensionnats autochtones. Ces appels à l’action constituent des actions concrètes qui doivent être mises en œuvre par tous les niveaux de gouvernement et par les Canadiens pour faire avancer les efforts de réconciliation. Prendre connaissance de ces appels constitue une étape essentielle pour bâtir des relations respectueuses et enrichissantes avec les peuples autochtones. Vous pouvez vous procurer les livrets « Appels à l’action » en français et anglais pour $7 seulement sur le site du Centre national pour la vérité et la réconciliation. Ces livrets comprennent également les 10 principes de la vérité et de la réconciliation de la CVR de même que la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.

Les traités

Plus de 50 % des Premières nations sont des Premières nations signataires d’un traité. Les traités sont des ententes entre le gouvernement du Canada et des groupes autochtones qui définissent les droits et obligations permanents de toutes les parties signataires de l’entente. Les traités représentent un aspect essentiel de la façon dont une grande partie du territoire canadien s’est vu attribuer la propriété. Il est important que vous preniez connaissance des ententes en vigueur dans le lieu où vous vivez.

Cette information vous permettra aussi de créer un véritable énoncé de reconnaissance territoriale, qui pourra être présenté publiquement avant le début des activités de la fin de semaine de la Fête de la culture. Ce genre de reconnaissance constitue un aspect important du processus de réconciliation, puisqu’il nous amène à reconnaître l’histoire des revendications territoriales au Canada. Vous trouverez ici quelques conseils de Shana Dion, adjointe au doyen des étudiants issus des Premières Nations, Métis et Inuits de l’Université de l’Alberta, sur la bonne façon de faire un énoncé de reconnaissance territoriale.

Vous devez avant tout consultez les organisations ou représentants autochtones locaux si vous comptez organiser une reconnaissance ou un énoncé territoriaux afin de bien comprendre le protocole et les termes appropriés pour votre région.

Tribus autochtones, nations et clans

Bien que tous les clans, tribus et nations relèvent du terme plus général de «peuples autochtones», il est important de reconnaître leur existence en tant que groupes distincts sur le plan culturel et possédant des pratiques culturelles différentes. Uniquement au Canada, il y a plus de 600 groupes autochtones. Vous devez prendre connaissance des tribus, nations et clans particuliers au sein du traité territorial dans lequel vous vivez, tout particulièrement si vous souhaitez élaborer une programmation culturelle en collaboration avec les peuples autochtones. Apprendre le plus possible sur les cultures et l’histoire des communautés autochtones locales constitue une partie importante du processus.

Nuit Blanche, Winnipeg, MB, 2018 Photo: Jen Doerksen
Nuit Blanche, Winnipeg, MB, 2018 Photo: Jen Doerksen

Terminologie

Il est primordial de comprendre quelle terminologie est acceptable et quelle est celle qu’il faut éviter. Se tromper n’est pas la fin du monde, mais il est essentiel d’en prendre conscience, d’y réfléchir et d’apprendre de ses erreurs. Dominga Robinson de SaskCulture a exposé quelques règles de base concernant la terminologie :

  • Utiliser l’appartenance tribale spécifique, lorsque possible, plutôt que le terme générique « personne autochtone » (i.e., Anishinaabe, Nakoda, etc.)
  • Le terme « aborigène » est un terme désuet, qui est progressivement abandonné
  • Il faut comprendre les distinctions entre Premières Nations, Métis et peuple inuit
  • Ne jamais utiliser le terme « Indien », à moins que ce soit en référence à un document officiel, tel la Loi sur les Indiens
  • Dans le doute, demander aux gens comment ils aimeraient qu’on s’adresse à eux. Ils vous le diront

Voici quelques termes et expressions, parmi beaucoup d’autres, qui ne devraient pas être utilisés :

  • « Nos » peuples autochtones
  • « Organisons un pow-wow »
  • « Hors de la réserve »
  • « Nom indien »
  • « Heure indienne »
  • « Mon animal totem »
  • « Sur le sentier de la guerre »
  • « Trop de chefs, pas assez d’Indiens »

Les effets bénéfiques de l’inclusion

Le processus d’inclusion des Autochtones requiert de l’effort à cause des obstacles qui ont été érigés au fil du temps. Il y a de grands avantages à éliminer ces obstacles. Il s’agit d’un processus de renforcement communautaire qui favorise la réconciliation, élimine les stéréotypes et crée de nouvelles relations au sein de la communauté. Ainsi, cela donnera naissance à de nouveaux publics pour vos événements et activités et constituera un nouveau bassin de bénévoles potentiels. Entreprendre la création d’une programmation culturelle autochtone enrichissante élargira les horizons de votre communauté et la renforcira. De plus, cela vous permettra d’éviter la « coopération symbolique », c’est-à-dire lorsque les Autochtones sont impliqués uniquement aux niveaux les plus superficiels. Lorsque les gens se sentent bien représentés au sein d’une organisation, ils sont plus enclins à participer, et cette participation s’avère très bénéfique pour l’organisation. En adaptant notre programmation et en tissant ces liens, nous accroissons la diversité et nos compétences interculturelles, renforçons notre travail et le rendons plus inclusif. Il faut continuellement déployer des efforts pour éviter l’appropriation culturelle et favoriser la réconciliation, et la participation de personnes autochtones au sein de la programmation peut nous aider tous à prendre part encore plus activement à ces efforts, car nous avons beaucoup à apprendre de ces communautés.

Nuit Blanche, Winnipeg, MB, 2018 Photo: Jen Doerksen
Nuit Blanche, Winnipeg, MB, 2018 Photo: Jen Doerksen

Qu’est-ce que l’appropriation culturelle?

L’appropriation culturelle est un des nombreux moyens qui met en évidence le déséquilibre de pouvoir entre les cultures non-autochtones et autochtones. Il est important que nous comprenions ce que cela signifie, afin de ne pas s’adonner à de telles pratiques. L’appropriation culturelle est l’adoption d’éléments provenant d’une culture minoritaire par une culture majoritaire. Cela devient particulièrement problématique lorsque les éléments qui font l’objet de l’appropriation sont dépouillés du sens qu’ils possèdent pour les gens de la culture d’origine, ou encore lorsqu’ils sont utilisés à des fins lucratives. Il peut s’agir de la langue, des arts visuels, de la musique, des vêtements et de plusieurs autres aspects culturels. Par exemple, l’utilisation d’éléments conceptuels provenant de vêtements autochtones pour créer une ligne de mode « exotique » qui sera achetée et portée par des personnes n’ayant aucun lien avec le contexte culturel d’origine. Il s’agit d’un sujet complexe et qui comprend beaucoup de zones grises. Il est par conséquent très important de poursuivre la discussion sur ce sujet et surtout, de porter un regard critique sur ses propres actions.

En 2018, SaskCulture a organisé un panel de discussion qui traite en profondeur du thème de l’appropriation culturelle. Les intervenantes invitées étaient Audrey Dreaver, Michelle LaValley, Janet Rogers et Trudy Stewart, qui travaillent toutes dans le domaine artistique et culturel. Vous pouvez regarder la vidéo complète [ici]((https://www.youtube.com/watch?v=-4Nouet6Zlg).

La création de relations

Compte-tenu de l’histoire coloniale du Canada et du traitement qu’il a réservé aux Premières Nations et aux peuples Métis et Inuits, il n’est pas étonnant que la création de relations enrichissantes avec les communautés autochtones présente un grand nombre de défis. Cela implique qu’il faudra y mettre des efforts et du temps. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que cela se produise à la suite d’une seule rencontre. Il est toujours préférable de rencontrer les gens en personne. Cela permet de faire tomber plus facilement les obstacles que lors d’une conversation par téléphone ou par courriel. Poser des questions de manière respectueuse constitue une partie importante du processus. Toutefois, il est essentiel de bien vous renseigner avant de rencontrer des personnes autochtones, car poser des questions évidentes montre que vous n’avez pas pris le temps de prendre connaissance des informations les plus élémentaires. Il importe de comprendre que créer un lien avec vous ne représente peut-être pas une priorité absolue au sein de la communauté à ce moment précis et respecter cela peut s’avérer très bénéfique. En matière de programmation culturelle, il est essentiel d’inviter les peuples autochtones à participer dès le départ à la planification. Cela permet de bâtir un processus au sein duquel les peuples autochtones peuvent contribuer à la planification au lieu de se faire dire simplement ce qui est attendu d’eux. Nous devons créer un espace propice à la souplesse et au compromis. En fin de compte, il importe d’être respectueux, d’écouter et d’avoir de la compassion. Si nous réussissons à faire tout cela, nous éliminerons les anciens obstacles qui ont empêché l’établissement de relations authentiques avec les peuples et communautés autochtones locaux.

Cette ressource ne présente que quelques informations de base pour établir une programmation culturelle avec les peuples autochtones. Elle est loin d’être exhaustive, mais nous espérons qu’elle constitue un bon point de départ. Il existe beaucoup d’autres ressources à votre disposition. Vous pouvez, pour commencer, consulter le site de l’organisation Indigenous Corporate Training inc., basée en Colombie Britannique, qui se spécialise dans le développement de relations entre groupes non-autochtones et autochtones. Une grande partie de l’information présentée ici a été fournie par Dominga Robinson de SaskCulture. Vous trouverez de nombreuses ressources utiles sur leur site internet.